Saint Saturnin de Camarsac
Son histoire
Camarsac est situé entre Garonne et Dordogne (l’Entre-deux-Mers) dans une région vallonnée sur la route de Bergerac. Le village borde la route départementale d’où l’on remarque surtout son château médiéval construit au début du XVème siècle sur les ruines d’une maison forte déjà décrite en 1080.
Dès le Haut Moyen Age, une paroisse matrice très étendue s’est créée autour de Cursan. Elle s’est très probablement démantelée très tôt à partir de ses extrémités et Camarsac étant une des plus éloignées se serait séparée dès le VIIème siècle.
L’église actuelle a été édifiée au cours des XIIème et XIIIème siècles. Elle est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, depuis décembre 1925.
Au XIXème siécle Camarsac regroupe les paroisses de Croignon et de Loupes .Celles-ci seront sollicitées pour participer aux frais de réparation.
En 1835, le conseil de fabrique et la municipalité s’accordent pour aliéner un pré et une grange qui servait avant la Révolution à serrer les dîmes, le montant de la vente devait couvrir les frais de restauration de l’église.
En 1844, la foudre tombe sur le clocher et le traverse dans toute sa longueur, les pierres roulent sur la toiture, il pleut dans l’église. Les cloches sont interdites pour cause de danger.
En 1920, un secours est demandé, la cloche est refondue mais elle ne porte aucune inscription. Sa sonorité est de médiocre qualité.
En 1935 don de 1000 Francs d’un particulier pour servir à l’électrification de l’église.
Son Saint titulaire
Martyr du III ème siècle, fêté le 29 novembre
Saint Saturnin, appelé aussi Saint Sernin, premier évêque de Toulouse, naquit au commencement du IIIème siècle.
Son nom, celui du Dieu Saturne est un nom latin tellement répandu, en Afrique surtout, qu’il ne peut donner le moindre indice sur son origine.
Il est impossible, faute de documents, de préciser quoi que ce soit sur Saint Saturnin avant son épiscopat à Toulouse. Le panégyrique composé au moment (ou peu après) de la Translation opérée par l’évêque Exupère, en 402, est la source unique dont nous disposons sur la vie du Saint.
Le panégyrique raconte le martyre du Saint, supplicié sous Dèce et Gratus en vertu du décret promulgué en 250, obligeant tout citoyen à sacrifier publiquement aux dieux sous peine de mort.
Au même moment, à Rome le Pape Fabien est martyrisé.
Cette persécution qui ne dura qu’un an, fut la plus terrible que la Gaule ait connue.
Accusé de rendre muet l’oracle du temple païen, par sa présence dans le voisinage, Saturnin fut appréhendé par la foule. Il est alors attaché à un taureau qui avait été prévu pour le sacrifice aux dieux païens. L’animal dévala les degrés du Capitole, contre lesquels l’évêque eut la tête fracassée, la bête traîna le corps jusqu’au lieu où « la corde se rompit ».
Le corps sans vie du malheureux fut recueilli par deux jeunes femmes les Saintes Puelles.
Elles l’inhumèrent à l’endroit exact où son corps fut trouvé, dans une fosse assez profonde pour que les païens ne puissent pas profaner sa dépouille. La légende dit que, battues par la foule les Saintes quittèrent la ville pour se réfugier dans un petit village près de Castelnaudary qui porte leur nom, le Mas-Saintes-Puelles.
Cette sépulture rudimentaire fut couverte un siècle plus tard par les soins de l’évêque Hilaire, (358-360) d’une voûte de briques à laquelle s’adjoignit un petit oratoire de bois.
Son retable
Plutôt que d’un retable à proprement parler, il s’agit ici d’unTabernacle monumental à ailerons destiné à être posé sur la table d’autel et non placé à l’arrière. Tout comme les retables, et souvent confondus avec eux les Tabernacles monumentaux qui apparaissent dans notre région au début du XVIIème siècle ont pour vocation de rappeler les vérités fondamentales de la foi catholique réaffirmées par le récentConcile de Trente pour s’opposer à l’expansion du protestantisme (1545-1563).
Ils le font d’une façon « attirante et accessible à tous » en adoptant le style baroque, dont la diffusion en Gironde coïncide avec le renouveau des communautés paroissiales, ravagées et parfois anéanties par les guerres de religion du XVIème siècle.
Ce renouveau est suscité et soutenu par l’intense activité du Cardinal de Sourdis, archevêque de Bordeaux, dont les visites pastorales se multiplient dans tout le diocèse ; il bénéficie également de nombreuses périodes de prospérité favorables au développement de l’art.
Le Tabernacle de l’Eglise de Camarsac est en bois doré et peint, il comporte plusieurs niveaux ornés de reliefs et de sculptures.
Sur un soubassement décoré de rinceaux en relief, disposés de part et d’autre d’une tête d’ange encadrée de ses ailes, le corps central donne toute son importance au Tabernacle : en nette saillie par rapport aux ailerons, il est surmonté d’une structure pyramidale dominée par la silhouette du Précurseur, soutenu par des anges, qui s’inscrit bien dans la voussure de la baie de l’abside.
Le niveau médian met en évidence la Croix, tandis que, sur la façade du Tabernacle : Dieu le Père, la colombe symbolisant l’Esprit Saint, et le Bon Pasteur rappellent le mystère de la Trinité.
De chaque coté du Tabernacle, qui demeure l’élément majeur de l’ensemble, les ailerons présentent eux-mêmes plusieurs niveaux : sur son soubassement simple le registre consacré aux images des Saints offre, dans une organisation claire, un décor particulièrement soigné où se retrouve tous les motifs décoratifs de l’art baroque. On notera aussi le goût de l’époque pour une forte individualisation des saints personnages présentés ici debout sur leur piédestal à l’intérieur de niches dont le fond rouge met en valeur le bois doré des sculptures.
Le couronnement de chaque aileron se compose de trois éléments : un personnage en buste dans un encadrement à fronton orné de vases, entouré de figures d’anges, représentation masculine à gauche du Tabernacle, féminine à droite
L’indentification des différents personnages est en discussion, nous ne disposons d’aucune certitude pour l’instant. On pense reconnaître, à droite du Tabernacle Saint Etienne ou Saint Laurent et Saint Jean-Baptiste ; à gauche Sainte Catherine d’Alexandrie, cette Sainte est déjà présente dans l’église et très identifiable sur le rondel de la baie du coté sud de la nef. Le dernier personnage n’est pas identifié.