Le père Bertrand nous a offert la 2ème conférence sur la messe le dimanche 25 février. Après avoir abordé l’importance du cycle liturgique, place à la liturgie de la parole : le temps de l’accueil, les
rites pénitentiels puis la parole de Dieu.
Le cycle liturgique
Avant de rentrer dans la messe, quelques mots sur l’année liturgique. Toutes les religions du monde adoptent un cycle liturgique car les astres et leurs circonvolutions donnent aux hommes un tempo sans
lequel nous serions perdu dans l’immensité. Dans la liturgie, l’espace et le temps sont entrelacés. L’orientation de nos églises nous indiquent la position du soleil qui se lève, de Jésus lumière qui se lève
dans les ténèbres des nations, du Christ qui reviendra dans la gloire pour faire entrer le temps dans l’éternité.
Le temps hebdomadaire :
Le sabbat (samedi) est le grand jour où les juifs font mémoire du repos du Seigneur après la création.
Les chrétiens n’abolissent pas le sabbat mais le déplacent le dimanche et l’enrichissent de la signification donnée par la mort – résurrection de Jésus. Ainsi, le dimanche est en-même temps :
- Le premier jour de la semaine qui rappelle le premier jour de la création.
- Venant après les sept jours de la semaine, il est le 8ème jour qui ouvre l’éternité. Au fond de nos églises, les baptistères comptent souvent 8 faces parce que le baptême nous fait entrer dans la vie éternelle.
L’année liturgique est scandée chez les juifs par les fêtes de :
- Pessa’h (Pâques),
- Souk kot (Pentecôte),
- Shavuoth ou fête des semaines ou fête des prémices célèbre l’anniversaire du don de la Torah au
Mont Sinaï ». La fête est célébrée sept semaines après Pessa’h car les enfants d’Israël ont reçu la
Torah sept semaines après avoir été libérés d’Égypte. - Yom Kippour signifie « jour de l’expiation ». Durant cette fête, les Hommes demandent pardon
directement à leurs proches ainsi qu’à Dieu pour expier leurs fautes. - Hanouka, fête de la Dédicace du Temple en commémoration de la reconquête du Temple en -164 et
l’inauguration du nouvel autel.
L’année liturgique des chrétiens reprend Pâques et Pentecôte et rajoute les fêtes spécifiques à la vie du Christ (Noël) et les temps de préparation (Avent et Carême). L’année liturgique que nous connaissons a été profondément remaniée par la réforme liturgique voulue par Vatican II. A mon avis personnel, ce n’est pas une réussite… En particulier la création du Temps ordinaire ne correspond à rien. Il prend place entre le temps de Noël et le carême puis entre le temps de Pâques et le temps de l’Avent. Garder le temps après l’Epiphanie et le temps après la Pentecôte aurait été logiques…
La structure de la messe
Traditionnellement, la messe comprend 2 parties :
- Liturgie de la Parole : jusqu’à la Prière Universelle incluse.
- Liturgie du sacrifice : de l’Offertoire jusqu’au renvoi.
Avez-vous remarqué que la messe se déroule sur un rythme ternaire :
- Chant d’entrée – procession du prêtre – prière d’ouverture.
- Chant d’offertoire – procession des offrandes – prière sur les offrandes.
- Chant de communion – procession de communion – prière après la communion.
La Liturgie de la parole. Elle est composée de 3 parties :
- Le temps de l’accueil
Sunagogué et ekklesia signifie assemblée – rassemblement et aussi l’institution religieuse.
L’église bâtiment est la figure du temple invisible. Jésus : « détruisez ce temple et en trois jours je le
relèverai – il parlait de son propre corps ». St Paul : « nous sommes le corps du Christ, chacun de nous est un membre de son corps » (1Co 12:27). Se rassembler est le 1er acte liturgique de la messe!
L’assemblée dominicale n’est pas la somme des personnes présentes mais le Christ en personne :
« quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ».
L’assemblée dominicale est sainte non par la sainteté de ses membres mais par la sainteté du Christ.
Le but est de faire corps dans un monde atomisé. C’est une nécessité absolue car un chrétien isolé
est un chrétien en danger. C’est pourquoi il est important d’aller systématiquement à la rencontre de quelqu’un que je ne connais pas avant d’aller saluer ceux que je connais.
Pendant le chant d’entrée, nous unissons nos voix en chantant ensemble et le prêtre qui représente
le Christ rentre en procession au milieu de son peuple comme Jésus est venu au milieu des hommes.
Pendant le chant d’entrée, nous unissons nos voix en chantant ensemble et le prêtre qui
représente le Christ rentre en procession au milieu de son peuple comme Jésus est venu au milieu
des hommes.
Vénération de l’autel qui représente le Christ. Au temps des persécutions, les messes dans les
catacombes se faisaient sur les tombes des martyrs. Pour signifier la communion des saints, vivants
et morts, un autel est généralement consacré,
- Soit lors d’une magnifique célébration riche en symboles alors que les reliques de saints sont
maçonnées dans l’autel ; - Soit après de nombreuses célébration comme à St Pierre de Tresses.
Encens : même logique que la vénération pour les idoles. Dans les premiers siècles, les chrétiens
n’utilisent pas d’encens car associé au culte des idoles… L’encens au début de la messe vient de
l’orient et est conservé par les judéo-chrétiens. L’autel est le centre de la messe.
2. Les rites pénitentiels
Confiteor : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés » (Ps 31:5). Confession =
proclamation ! Je confesse / je proclame d’abord l’amour de Dieu ! Puis, je reconnais humblement mon péché… Faire un geste qui dit cette reconnaissance : se pencher comme le publicain qui n’ose pas lever les yeux dans le Temple contrairement au pharisiens qui se tient bien droit, sûr de ses droits… ‘’Oui, j’ai vraiment péché’’ : on se frappe la poitrine comme ces hommes qui après la crucifixion s’en vont en se frappant la poitrine (Lc 23:48).
Kyrie Eleison. Sa traduction par « Seigneur, prend pitié » n’est pas satisfaisante. Une meilleure traduction pourrait être : « Mon Dieu, ma miséricorde » ! Comme les lépreux ou comme
l’aveugle né Bartimée (Jn 9, 1.6-9.13-17.34-38)
Gloria : hymne très ancienne dont on trouve des traces dès le IVème siècle. Hymne trinitaire.
Prière d’ouverture : s’adresse au Père : quand on parle à quelqu’un, on se tourne vers lui.
AMEN : c’est solide ; je peux m’appuyer dessus ; j’ai confiance ; je crois. Le dire haut et fort !
- La lecture de la Parole.
Lecture, Psaume, Evangile
La réforme du lectionnaire, livre liturgique contenant les passages des textes religieux lus à
l’occasion des cérémonies religieuses, offre une richesse inouïe : on est passé de 1% de l’Ancien
Testament à 13,5 et de 16,5% du Nouveau Testament à 71,5…
L’Evangéliaire, livre liturgique du christianisme qui contient la totalité ou une partie des Évangiles
lus lors des célébrations liturgiques, est porté en procession au début de la messe et posé sur
l’Autel pour montrer le lien qu’il y a entre la Parole et le Pain. Pour marquer la spécificité de
l’Evangile, à Rome, il y avait deux ambons : un pour les lectures et un pour l’Evangile.
La triple signation, avant la lecture de la parole de Dieu, vient d’une tradition juive : le port des «
Tefillin ». Constitués de deux petits boîtiers cubiques contenant quatre passages bibliques et
attachés au bras et à la tête par des lanières de cuir, les Tefillin sont portés lors de la lecture du
Shema, partie de la Torah.
Les fidèles se signent de la croix sur le front, la bouche et la poitrine au moment de la lecture de
l’évangile, pour reconnaître par là qu’ils doivent accepter la vérité divine dans leur esprit, la
professer par leur bouche et la conserver dans leur cœur.
Symbole de la foi
Etymologiquement, le symbole est un objet coupé en deux dont la fracture permet de remettre les
deux morceaux parfaitement ensemble pour authentifier les possesseurs de ces morceaux. Pour un
peuple de commerçant au long court comme le peuple juif, le symbole permettait d’authentifier les
porteurs d’un contrat.
- Le Symbole des Apôtres date du premier siècle et très sûrement des apôtres eux-mêmes.
- Le Symbole de Nicée-Constantinople (du nom de deux Conciles) est une reprise plus
théologique pour faire face aux hérésies des premiers siècles. Un des dernier ajouts
concerne l’Esprit Saint : ‘’il procède du Père et du Fils’’. Il suscite un débat avec nos frères
orthodoxes…